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Les nations blanches qui convoitaient la Lune se trouvaient à peu près toutes au même niveau dans la recherche et la fabrication des armes nouvelles. Elles déclenchèrent les hostilités entre elles dans le jour même qui suivit l’attaque contre les pays neutres. Assurées de l’avenir, elles avaient hâte de régler le présent. Cette fois-ci, il n’y avait plus de camps en présence, plus d’alliances possibles. La victoire ne pouvait pas se partager avec d’aimables grimaces en attendant une nouvelle guerre pour se voler les parts. Cette guerre devait être la dernière et ne laisser qu’un vainqueur. Chacun allait combattre à mort contre tous les autres.

Avant que les foules aient eu le temps de connaître ce que l’aube avait apporté à la France et à quelques pays qui lui ressemblaient, des fusées parties de tous les coins du monde s’abattaient sur elles.

New York. Rues gorgées de voitures, ciel bourdonnant d’essaims d’hélicoptères. Le vieux métro aérien, serpent de ferraille entre les quilles des gratte-ciel. Trottoirs noirs d’oisifs nonchalants, de travailleurs pressés. Millions de fenêtres, trous sombres ou éclats de soleil dans les murs. Derrière les fenêtres, millions d’hommes et de femmes, au bureau, à l’évier, au téléphone, à la table, au sommeil, à l’amour. D’un toit à l’autre, d’un balcon à l’autre, zigzags des molémoteurs individuels, moustiques. L’énorme rumeur de la ville, jaillie d’elle comme les épines d’un oursin.

M. Emmanuel Gordon est en communication avec le premier secrétaire du Président, à Washington. Le premier secrétaire lui dit que tout va bien et que rien ne permet de croire à… Et M. Emmanuel Gordon lui répond qu’il vient de recevoir une communication confidentielle de Paris, et qu’il est en mesure de lui affirmer que des choses graves…

M. Emmanuel Gordon tient de la main gauche l’appareil contre son oreille, et de la main droite dessine, avec un tout petit morceau de crayon, sur une enveloppe, un escargot.

— Yes  – yes  – yes  – no  – yes  – no  – yes  – sure…

Par la fenêtre de son bureau, M. Emmanuel Gordon voit la pointe de l’E. S. Building. Ses trois jeunes secrétaires sont déjà au travail devant leur table individuelle. M. Emmanuel les a choisies belles, intelligentes et silencieuses.

Dans une rue une tête se lève. La première secrétaire de M. Gordon, blonde, lève les yeux au plafond d’un air étonné. Dans les rues cent têtes se lèvent. Les deux autres secrétaires lèvent la tête. Dans les rues, dans les maisons, dix mille têtes se lèvent.

— Yes  – sure  – perhaps  – but Mr. Gé said me…

M. Emmanuel Gordon fronce les sourcils, fait « tsst ! tsst ! » à ses secrétaires, mais lève lui aussi la tête vers le plafond. Dans les rues, dans les appartements, dans les bureaux, dans le métro, dans les avions, dans les voitures, toutes les têtes se sont levées vers le bruit.

Un bruit au-dessus de la ville. D’abord un murmure, qui descend sur la ville et l’emplit, un murmure plus fort que le ferraillement du métro, que le ronronnement de toutes les voitures, que toutes les voix de chair, de fer, de flammes de la ville, plus fort que la voix dans le téléphone à l’oreille.

Les secrétaires de M. Gordon ont la bouche ouverte d’étonnement. Biles n’ont jamais rien entendu de pareil. On dirait que tous les avions du monde sont en train de s’approcher de l’horizon. M. Gordon a deviné. Il raccroche, il se lève, il dit :

— Shut the window, quickly ! Sit down ! Put your fingers in your ears ! Don’t shout !

La brune a fermé la fenêtre, la rousse commence à crier…

Un murmure, un grondement, un hurlement de ciel au-dessus de la ville. Comme si Dieu lui-même hurlait avec sa voix de Dieu.

M. Gordon, très pâle, les mains crispées sur ses oreilles, essaye de garder la maîtrise de sa chair. Il est anglais. Il voudrait mourir bien.

La rousse est courbée en deux, le buste couché sur sa table, les index enfoncés dans les oreilles. Elle essaye de hurler plus fort que le hurlement du ciel. La brune tremble, de stupéfaction, d’horreur et de plaisir. Jamais, même avec le marin français, elle n’a éprouvé ça Jamais, jamais. Cela monte de son ventre qui tremble jusque dans sa tête, cela lui entre dans le ventre et dans la bouche et dans les oreilles, mais cela va être bientôt terrible et elle va commencer elle aussi à hurler. La blonde pleure, pleure, pleure.

Toutes les mains de la ville crispées sur les oreilles, tous les doigts enfoncés dans les oreilles. La clameur monte à l’aigu, entre par la peau, monte à l’aigu, entre par les os, monte, monte, monte, à l’aigu, aigu, aigu. Les outils tombent, les téléphones tombent au bout de leurs fils, les avions tombent, les piétons tombent, les voitures se télescopent. Explosions, feux. La clameur, pointe de feu d’enfer, fouille les corps, vrille les têtes, de plus en plus effilée, aiguë, impossible. Paroxysme. Disparue, en haut, à l’extrême sommet de l’audible. Les oreilles ne l’entendent plus. Les corps la sentent comme un épieu, étau, mille marteaux dansants, acide. Les mâchoires crispées brisent les dents. Toutes les vitres de la ville se brisent à la fois, tombent du haut des étages en papillons de lumière. Les aciers claquent. Les muscles en tétanos tordent les membres, déchirent les yeux. Les ciments se fêlent. Chaque cheveu vibre. L’enduit du plafond du bureau de M. Gordon tombe en fumerolles de poussière. Le téléphone se lézarde, se craquèle, s’effrite. La poussière se dépose en lignes et en nœuds d’ondes sur les corps des trois secrétaires tordues au sol comme des araignées et sur celui de M. Gordon, debout, cramponné à la table, étiré en tire-bouchon, raide, cervelle bouillie. C’est fini.

Au-dessus de la ville une blanche floraison de parachutes, auxquels sont suspendus des appareils à ultrasons, s’en va vers l’ouest, poussée par le vent.

Il n’y eut pas un seul survivant à New York, pas plus que dans les autres villes du monde attaquées de la même façon. Mais à Paris il y avait quelques rescapés, en plus des habitants de l’Arche.

D’abord un vieil ouvrier tourneur sur métaux, le père Testet. Malade d’une pneumonie, il avait été transporté la veille à l’Hôtel Dieu par sa famille, qui préférait le voir mourir à l’hôpital plutôt que chez elle. Il avait soixante-neuf ans. Il était usé, il ne travaillait plus, et sa pension de vieux lui payait tout juste ses cigarettes. Il était dans l’âge et dans la situation où les familles se résignent facilement à voir disparaître les ascendants.

À l’hôpital, on lui fit aussitôt avaler des cachets de vessine en quantité suffisante pour détruire tous ses pneumocoques. C’était une nouvelle substance, tirée de la vesse-de-loup, qui avait détrôné depuis quelques années les dérivés de la pénicilline. Mais aucun mieux ne se manifesta et vers minuit, l’interne de garde, comme il le voyait sur le point de trépasser, lui fit une piqûre d’un remède nouvellement mis au point et qui promettait de détrôner à son tour la vessine. On le tirait de la moisissure bleue du fromage de Roquefort.

La respiration du malade s’accéléra, et, comme arrivait l’heure où le jour se lève et où les agonisants se laissent volontiers mourir, il se mit à suffoquer. Une infirmière qui passait par là eut pitié de lui parce qu’il ressemblait à son grand-père. Elle lui administra de la morphine, pour adoucir ses derniers moments, et pour le prolonger un peu, lui mit le masque à oxygène.

Une demi-heure après, l’infirmière, l’interne, tout le monde était mort dans l’hôpital, sauf le vieux. Il se sentait même très bien. Les remèdes avaient fini par agir. Il se débarrassa de son masque, soupira, se détendit, et se mit à ronfler.

La Russie et la Chine avaient été arrosées de bombes à virus. C’était la seule arme susceptible de réduire de telles étendues. L’horrible semence, quintessence polyvalente de peste bubonique, de choléra morbus, de vérole grande et petite, de gangrène gazeuse, de rage, de tétanos, de lèpre, de typhus, de béribéri, de croup, d’anthrax, de dysenterie, de botulisme et de vomito negro, avait été suractivée dans les laboratoires, nourrie de charogne d’atomes, entraînée à supporter tous les antivirus, blindée contre les remèdes chimiques, rendue capable de supporter des températures de cinq cents degrés.

La première fusée tomba dans une forêt de sapins, à une centaine de kilomètres de Digitigrad, la cité neuve, la perle du Nord, élevée à la gloire des doigts de l’homme, instruments de base de tout progrès. Elle éclata avec un bruit mou. Un loup, blotti dans une tanière proche, bondit et s’enfuit. À peine eut-il parcouru dix mètres, qu’un frisson lui raidit l’échiné, ses pattes faiblirent, il tomba, se roula sur le dos, se releva, hurla, et commença à pourrir debout. Une pluie verte tombait des arbres. Chaque aiguille de sapin se recroquevillait, devenait une goutte de pus verdâtre. Les branches mollirent comme des asperges, les troncs s’affaissèrent, la forêt s’accroupit, coula en pétrole.

La pourriture gagna la steppe. Elle se dirigeait vers Digitigrad à la vitesse du vent. D’une haleine, elle transforma la moisson de la plaine en fumier. La terre, travaillée dans ses racines et ses germes, se soulevait, crevait en énormes cloques d’où montaient des vapeurs d’égout.

Quelques dizaines de milliers d’athlètes, quelques millions de spectateurs, célébraient à Digitigrad la fête des bras. La mort souffla sur la ville et passa. Cortèges stoppés, rues bloquées. Les chairs gonflent, éclatent, se liquéfient, coulent des os. Des groupes de curieux tordus sur les balcons, accrochés aux toits, des ruisselets de pourriture naissent et serpentent sur les façades. Sur l’immense prodigieuse place, la foule en quelques minutes n’est plus qu’un enchevêtrement de squelettes, une forêt d’os blancs, grimaçante et haillonneuse, qui trempe ses pieds dans un jus d’horreur.

Certains purent entendre avant de mourir le bruit de chaudron de confiture au feu qui précédait l’arrivée de la Putréfaction, mais nul n’en connut l’odeur, car, dès qu’elle parvenait aux narines, elle passait au travers, sculptait l’os du nez et vidait le contenu de la tête…

Du Pacifique à la Baltique et à la mer Noire, les fusées tombèrent comme grains dans le sillon. Autour de chaque point de chute s’élargissait un ulcère. En quelques jours ils se rejoignirent et ne formèrent plus qu’une purulence unie.

M. Gé suivait par téléviseur les progrès du mal. Il avait, à l’Orient, sauté sur le Japon, mais épargné la Chine du sud. À l’Occident il s’arrêta à l’Elbe et aux Carpates.

Le père Testet s’était réveillé après douze heures de sommeil, pour constater qu’il avait soif. Il ne s’étonna pas outre mesure de voir tout le monde mort dans l’hôpital, puis dans la ville. Ayant été lui-même si près de mourir au milieu d’une population de bien vivants qui se souciait peu de son sort, il y vit une sorte de revanche et ne pensa pas une seconde à s’attendrir ou à s’effrayer. Il s’introduisit dans les maisons, dans les cafés, fouilla dans les Frigidaires, se mit à manger et à boire comme il ne l’avait fait de sa vie. Sa fille n’était plus là pour le nourrir de soupe claire et lui dire : « Papa, ne mange pas tant ! À ton âge ! Ça va te faire mal ! » Il ne s’était jamais senti si bien.

L’Italie avait subi le même matin le même sort que la France. Le Pape  – le deuxième Pape américain  – qui savait ce qui menaçait le monde, avait passé la nuit en prières. Il ne demandait pas l’impossible. Il ne demandait pas à Dieu la Paix. Depuis le Moyen Age, l’Eglise avait renoncé à faire régner la paix parmi les hommes. Elle considérait la guerre comme un mal inévitable. Le Pape faisait ce qu’il pouvait Il demandait à Dieu de favoriser le plus juste. Il lui resterait, à lui, après, à confondre le plus juste avec le plus fort. Il faut rendre au vainqueur ce qui est à César.

Le Pape priait à genoux, et parce qu’il était âgé et que ses genoux étaient maigres et lui faisaient mal, de temps en temps il se relevait et se reposait en un fauteuil en mâchant un peu de chewing-gum. Il pouvait le faire, ce n’était pas une nourriture, ça ne l’empêchait pas de recevoir à jeun la Sainte Hostie. Il posa son chewing-gum dans un bol d’or et se remit à prier. C’est alors que le souffle commença de lui manquer. Il eut le temps de penser encore aux pauvres hommes, de s’étonner des desseins de Dieu, de lui en demander pardon. Il essaya de garder ses mains jointes, mais malgré tous ses efforts ne put s’empêcher de les porter à sa gorge.

L’Allemagne, que personne ne jugeait plus dangereuse, avait cependant pris secrètement part au conflit. Bien avant de recevoir les fusées chargées de C. 147, elle avait mis en marche, contre l’Angle terre, des armes qui faisaient leur chemin sans que personne au monde se doutât de leur existence. L’Allemagne était la seule, en l’occurrence, à agir pour des raisons purement sentimentales : par haine.

Du plus profond des mines de la Ruhr les armes dirigées contre l’Angleterre se mirent en marche. C’étaient des fuseaux d’acier munis d’un cerveau électronique et d’un dispositif qui devant eux creusait la terre, forait les rochers et rejetait derrière eux les déblais. Ils ne pouvaient pas dévier en direction, mais étaient réglés de telle sorte qu’ils s’enfoncèrent sous la mer du Nord, évitant ainsi la détection des radars sous-marins, remontèrent vers la surface quand ils se trouvèrent sous les terres britanniques, et s’arrêtèrent à quelques centaines de pieds de la surface du sol.

L’Angleterre qui, après la G. M. 3, avait enterré toutes ses villes nouvelles, avait déjà été attaquée, de l’intérieur. Ici et là avaient été déposés, par des agents ennemis, bien avant l’ouverture des hostilités, quelques innocents colis. Une valise à la consigne d’une aérogare, un paquet enveloppé de vieux journaux dans un débarras, une brique dans une cloison, un pot de confiture dans une armoire, un caillou au fond d’un pot de fleurs dans les racines d’un géranium… Un ou deux colis par ville, c’était bien suffisant. Le deuxième n’était là que par précaution.

Au moment voulu, un homme, à quelques milliers de kilomètres, tourna un commutateur, et toutes les villes souterraines de la vieille Angleterre germèrent et fleurirent en même temps vers le ciel, en blanches et rouges fleurs d’Hiroshima.

L’Angleterre continua la lutte.

Ses villes de surface furent alors attaquées aux bombes supra-soniques, et tous leurs habitants transformés en tire-bouchons tétanisés, leurs cervelles en lait caillé.

L’Angleterre continua la lutte.

Des bombes au virus liquéfièrent ses cultures et ses cultivateurs.

Le gouvernement de Sa Majesté, enfermé dans un abri à six cent mille pieds sous les monts de Cornouailles, déclara que l’Angleterre n’abandonnerait jamais. Les quelques centaines de survivants, pour la plupart techniciens combattants enfermés dans leurs forteresses, serrèrent les dents.

C’est alors que s’alluma, au sein des engins venus de la Ruhr, le feu moléculaire. Cinq cents volcans jaillirent du Firth à la Cornouailles, la terre trembla, se fendit, des nappes de lave recouvrirent les campagnes. Le sous-sol fondait, le sol pétillait. L’Angleterre fut cuite. Quand le feu s’apaisa, l’île n’était plus qu’une brique.

Les autres rescapés de Paris étaient les puces, les punaises, les cancrelats, les blattes, les fourmis, les mille-pattes.

De toutes les nations européennes, c’était la Suisse qui avait le moins souffert. Elle avait su empêcher les bombes camouflées dans des bagages à main de franchir ses frontières. Elle avait caché sa population profondément sous les Alpes. Les ultrasons avaient provoqué des avalanches et lézardé quelques massifs, mais générale ment sans atteindre le cœur des abris forés dans les montagnes. Et le virus lui avait été épargné, sans doute à cause de sa position au cœur de l’Europe occidentale, grenier préservé.

Les villes souterraines américaines, coulées en ciment armé, s’étaient avérées d’une protection peu efficace. Les armatures de fer avaient guidé les ultrasons jusqu’aux plus profonds étages. Seule, la Nouvelle Miami, construite en plastec à six cents mètres au-dessous du sol, avait gardé ses habitants indemnes.

Le diable l’emporte
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